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Avortement dans la Constitution : une vision matérialiste de l’être humain

Dans les colonnes de La Nef, Grégor Puppinck, juriste et essayiste français, affirme que l'idéologie dominante dans la légalisation de l'avortement en France, promue par le Planning familial, conçoit l'avortement comme l'expression d'une volonté individuelle sur la vie, au détriment de la vision originelle du féminisme centrée sur la maternité.

Il dénonce la portée symbolique de l'inscription de l'avortement dans la Constitution, estimant qu'elle traduit une adhésion à une vision matérialiste et volontariste de l'être humain, où la liberté individuelle prévaut sur la vie humaine : « Une Constitution définit un peuple, contient et exprime son identité et ses valeurs. Les lois fondamentales du Royaume de France reconnaissaient le catholicisme comme religion officielle. En se déclarant laïque, la République a adopté une composante essentielle de la pensée franc-maçonne. Elle est à présent allée plus loin en déclarant la liberté “d’avorter” ».

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L'auteur de la tribune critique l'absence de débat ouvert sur la question de l'avortement, soulignant que toute remise en question est socialement taboue, ce qui renforce le récit hégémonique sur cette question : « Pour le peuple profane, le recours massif à l’avortement a pour effet de l’obliger à croire que l’être humain n’a pas d’âme, mais n’est qu’un corps doté progressivement de facultés intellectuelles, car si l’enfant à naître est animé, alors nous serions des assassins. Dès lors, il devient insupportable de regarder le fœtus et de voir en lui notre humanité. Le silence et le déni s’imposent. » Et d’ajouter : « Consacrer l’avortement comme une liberté, et la liberté d’avorter comme une valeur de la République implique l’adhésion à une anthropologie tellement spécifique que son inscription dans la Constitution revient à en faire une croyance officielle de la République, un substitut de religion d’État. »

Le militant pro-vie rappelle le soutien de Macron à la franc-maçonnerie en tant qu'”église de la République” : « C’est une nouvelle étape de l’affirmation publique de la franc-maçonnerie comme Église de la République, ainsi que le déclarait en substance M. Macron devant le Grand Orient de France le 9 novembre 2023. Il avait d’ailleurs rendu hommage à cette occasion au Grand Maître et Docteur Pierre Simon, principal artisan de la libéralisation de la contraception et de l’avortement en France.

Et que la religion a ses dogmes et ses châtiments pour ceux qui les renient : « L’avortement est un piège du diable pour détruire des vies innocentes, blesser la maternité, enfermer les femmes dans la culpabilité, et condamner la société au matérialisme et donc à l’athéisme, le tout sous couvert de fausse liberté et au moyen de la puissance des instincts sexuels. Ce piège est à présent revêtu du prestige de la Constitution, et comme tel, il devient un dogme qu’il n’est presque plus permis de questionner, sous peine d’excommunication sociale, voire de poursuites pénales. »

M. Puppinck aborde également la responsabilité de l'Église catholique dans ce dossier, s'interrogeant sur sa position et son action face à l'avancée de l'avortement dans la société française : « Comment la France est-elle tombée si bas pour que moins de 10 % des parlementaires s’opposent à cette constitutionnalisation ? Avons-nous douté de la justesse de la cause de la défense de la vie humaine, de l’humanité du conceptus ? Avons-nous été suffisamment courageux ? Avons-nous vraiment combattu ou fait seulement semblant ? Croyons-nous vraiment en l’existence de l’âme ? »

Il insiste sur la nécessité d'une approche réaliste et charitable, proposant un plus grand engagement de l'Église pour soutenir les femmes enceintes et celles qui ont subi un avortement, ainsi que pour éduquer à la dignité et à la valeur de la vie humaine dès la conception : « Avons-nous une réelle compassion pour les femmes enceintes ? Notre manque de courage n’a-t-il pas été aussi un manque de charité ? Notre silence a été coupable, notre lâcheté aussi, consistant souvent à nous résigner ou à employer de grands mots, des concepts abstraits, tels que “dignité” et “drame”, pour se donner satisfaction au plan théorique, mais sans effet sur la réalité. »

Enfin, l'auteur plaide pour un changement dans l'approche politique et sociale de l'avortement, en encourageant les témoignages directs de femmes qui ont souffert des conséquences négatives de l'avortement, afin de remettre en question le discours dominant et de favoriser une meilleure compréhension et une plus grande empathie pour la valeur de la vie humaine : « Sur le plan politique, ce retour à la charité et à la réalité peut prendre la forme du témoignage direct de femmes dont l’avortement n’a pas été une liberté, mais une contrainte et une source de souffrances. Le témoignage direct de ces femmes est le moyen le plus puissant de sortir de l’idéologie, de toucher les cœurs et d’y faire place à la charité.

La constitutionnalisation de l’avortement est une défaite sur le plan des idées ; mais il nous reste tout le champ de l’expérience humaine. Il nous faut regravir la côte à partir du bas, de la réalité ; une réalité douloureuse que personne ne veut voir ni soigner. Cette réalité douloureuse, vécue par tant de femmes, accumulée et enfermée dans le silence, est une bombe. Si nous parvenions à percer ce silence, à briser ce tabou, cette bombe pourrait alors exploser et modifier profondément le regard de la société sur la valeur de la vie et la fragilité de la femme qui la porte et la transmet », conclut-il.

Adèle Cottereau

Sources : lanef.net / www.infocatolica.com

Photo: Adobe

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Face à la dictature de la culture de mort, je refuse d’abdiquer et continuerai de défendre la vie. Les enfants à naître et les médecins objecteurs de conscience trouveront en moi un(e) allié(e) et un défenseur.

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