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Le serment d’Hippocrate

Le médecin

Hippocrate, célèbre médecin grec, était un contemporain de l’historien Hérodote. Il est né sur l’île de Cos entre 470 et 460 av. J.C. d’une famille qui prétendait descendre du mythique Esculape, fils d’Apollon. En Grèce, avant lui, existait déjà de longue date une tradition médicale, et l’on suppose qu’Hippocrate l’a reçue en héritage principalement de son prédécesseur Hérodicus, et qu’il a approfondi ses connaissances lors de ses nombreux voyages. Il est dit, malgré l’absence de preuves satisfaisantes, qu’il prit part aux efforts d’éradication de la peste qui dévasta Athènes au début des guerres du Péloponnèse. Hippocrate est mort à Larissa entre l’an 380 et 360 av. J.C.

Les travaux attribués à Hippocrate sont les tout premiers écrits de médecine grecque, mais sans doute un grand nombre d’entre eux ne sont pas de lui. Quelque cinq ou six, cependant, ont été généralement reconnus comme véritablement siens, et parmi ceux-là, on trouve le célèbre « Serment ». Ce document intéressant montre que, déjà du temps d’Hippocrate, les médecins étaient organisés en corporations ou confréries possédant un règlement pour la formation des disciples, ainsi qu’un esprit de corps et un idéal professionnel qui, malgré de légères modifications apportées à travers les siècles, peut être considéré encore aujourd’hui comme d’actualité.

Une citation d’Hippocrate est connue universellement, bien que ceux qui la citent aujourd’hui aient rarement conscience de se référer à l’art du médecin. C’est le premier de ses « Aphorismes » : « La vie est courte, l’art est long, l’occasion est prompte [à s’échapper], l’empirisme est dangereux, le raisonnement est difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient ; mais encore [être secondé par] le malade, par ceux qui l’assistent et par les choses extérieures ».

Le serment

(…) Je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l’engagement suivant :

Je mettrai mon maître en médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s’ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part des préceptes, des leçons orales et du reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un engagement et un serment suivant la loi médicale mais à nul autre.

Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté.

Je ne pratiquerai pas l’opération de la taille. Dans quelque maison que je rentre, j’y entrerai pour l’utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire ou corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves.

Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l’exercice de ma profession, je tairai ce qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas.

Si je remplis ce serment sans l’enfreindre, qu’il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole ou si je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire !