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Projet de loi euthanasie : un texte à combattre

Dans une tribune au Figaro, l’avocat et essayiste Erwan Le Morhedec, fustige le projet de loi sur “l’aide à mourir” présenté récemment par Emmanuel Macron dans un entretien à La Croix et à Libération : « C’est un texte qui divisera les Français, les familles et les cœurs. Il est profondément triste, au-delà même du contenu du texte, que la France se singularise ainsi sur un sujet d’une rare gravité, qui demande nuance, respect et sincérité », déplore-t-il.

« Emmanuel Macron avait la présomption de définir une  “voie française”  de la fin de vie. Triste voie s’il en est, pavée de tromperies. Tromperie sur la méthode, tromperie dans les termes, tromperie dans les annonces. »

Premièrement, explique l’avocat, « Il y a tromperie dans le vocabulaire car, en procédant à une redéfinition des termes, Emmanuel Macron prétend que le texte ne prévoit ni l’euthanasie ni le suicide assisté alors même qu’il instaure les deux. Il le dit lui-même quelques lignes plus loin : le projet de loi dispose qu’une substance létale peut être administrée par la personne elle-même, et c’est un suicide assisté, ou par un tiers, et c’est une euthanasie. »

Puis, « Tromperie sur la méthode. Pendant des mois, Emmanuel Macron n’a eu de cesse d’esquiver toute question sur le sujet, mettant en scène ses doutes prétendus et ses incertitudes intimes pour, in fine, promouvoir un texte maximaliste. (…) La réalité est qu’aucun texte n’a jamais été mis sur la table des discussions, et que les organisations de soignants n’ont plus eu de réunion avec l’exécutif depuis plus de six mois. Aucune de leurs observations, pas même la timide demande de disjonction des volets euthanasie et soins palliatifs dans la loi, n’a été retenue. Le texte franchit toutes leurs lignes rouges », accuse M. Le Morhedec.

Un autre point important est relevé par l’auteur de la tribune : « Tromperie, encore, que d’affirmer que le texte prévoit des “conditions strictes”. Alors même que des propositions précédentes avaient suscité la consternation par la précipitation avec laquelle elles engagent le processus, le projet de loi fait pire encore. »

«À partir du moment où la demande est posée, il y a un minimum de deux jours d’attente pour tester la solidité de la détermination», ose Emmanuel Macron. Cette phrase surréaliste est au choix spécieuse ou ignorante. (…) En Belgique, lorsqu’il est établi que le décès n’interviendra manifestement pas à brève échéance, un délai d’un mois entre la demande et l’acte est prévu par la loi. En France, ce sera bouclé en quinze jours. Il sera ainsi plus rapide, chez nous, de trouver un médecin pour mourir que pour être soigné. »

« Conditions strictes ?, s’interroge encore l’essayiste. Le projet de loi prévoit que l’administration de la substance létale puisse être réalisée par une personne volontaire, désignée par celle qui fait la demande. Un préprojet de loi qui a fuité en décembre était plus explicite : cette personne volontaire peut être un proche ou même tout autre tiers, tel un militant associatif. Il n’existe nulle part ailleurs dans le monde une législation qui envisage qu’un proche puisse procéder à l’euthanasie d’un autre. Aucun pays n’a imaginé que le petit-fils puisse euthanasier sa grand-mère, le mari son épouse, le frère sa sœur. Il est inconcevable que notre pays ne perçoive pas les risques graves qu’une telle disposition fait encourir à des personnes affaiblies », s’indigne-t-il.

Enfin, « Emmanuel Macron dit avoir perçu une “colère rentrée” dans les services de soins palliatifs. Il prend la responsabilité de la faire éclater, chez eux et au-delà. Ce texte sera combattu. Car il ne pouvait y avoir pire négation de leur vocation et pire inspiration pour une législation. Dans une formule orwellienne, Emmanuel Macron déclare que “cette loi de fraternité permet de choisir le moindre mal quand la mort est déjà là”. »

Mais, souligne Erwan Le Morhedec, « La fraternité ne s’exerce pas par la mort, le moindre mal reste un mal et non, la mort n’est jamais là avant qu’elle n’advienne ! Les personnes malades ne sont pas déjà mortes. Les malades ne sont pas des morts en sursis. Ils sont vivants, jusqu’au terme de leur vie et la seule fraternité que notre pays aurait dû s’enorgueillir de célébrer, c’est celle qui permet d’ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie », conclut-il avec force.

                                   Adèle Cottereau

 

Source : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/fin-de-vie-emmanuel-macron-pretend-que-le-texte-ne-prevoit-ni-l-euthanasie-ni-le-suicide-assiste-alors-qu-il-instaure-les-deux-20240311

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