Dans une tribune publiée dans les colonnes du Figaro, Véronique Cayado, docteur en psychologie et membre de la Société française de gériatrie et gérontologie, dénonce le traitement qu’ont subi les personnes âgées pendant le confinement, privées du contact avec leurs proches, sous prétexte de les « protéger ». Extraits.
« La crise sanitaire du Covid-19 a mis sur le devant de la scène les plus âgés d’entre nous, et leur fragilité est apparue au grand jour aussi violemment que les manquements à leur égard. Comment une société qui se proclame des droits de l’homme a-t-elle pu enfermer de la sorte ses plus âgés? , s’offusque-t-elle.
Au contraire, « il devient essentiel de leur apporter l’attention et la protection qu’ils méritent, pour leur offrir les conditions décentes pour bien vieillir. »
« Les aînés peuvent être vulnérables sans pour autant être considérés comme des êtres inaptes qu’il faut protéger tels des enfants. À tous les âges et quelles que soient leurs conditions physiques et morales, ils devraient avoir le droit à la liberté, même celle de faire des erreurs », souligne-t-elle avec force.
« La bientraitance ne consiste pas simplement à ne pas maltraiter. C’est une approche plus subtile (…) la promotion de la bientraitance vis-à-vis des plus âgés ne devrait-elle pas commencer par les traiter comme tout un chacun? C’est aussi en changeant le regard sur la vieillesse et le grand âge que nous nous attaquerons aux fondements de la maltraitance des personnes âgées », explique encore la chercheuse.
Enfin, Véronique Cayado pointe du doigt une forme de discrimination inquiétante, car enrobée de « bons » sentiments : « le vulnérabilisme. Il s’agit d’une forme de disqualification sociale complète dès lors que l’on présente des signes de fragilité et de dépendance. »
Nous savons jusqu’où cela peut aller : l’euthanasie, toujours sous couvert de générosité.
Ces dernières semaines, « alors que les résidents de certains Ehpad sont à nouveau coupés de leurs familles, les directeurs d’établissement redoutent un phénomène de glissement », dénonce à son tour Claudette Brialix, présidente de la Fédération nationale des personnes âgées (FNAPAEF)
Elle s’insurge entres autres contre la décision du maire de Nice, qui a annoncé « la suspension des visites au sein [des maisons de retraite], ainsi qu’une série de nouvelles restrictions ».
« Il faut dire les choses comme elles sont : à ce rythme-là, on va finir par tuer nos personnes âgées », s’alarme-t-elle avec raison.
Adèle Cottereau
Sources : https://www.genethique.org/a-ce-rythme-la-on-va-finir-par-tuer-nos-personnes-agees/
https://www.lefigaro.fr/sciences/veronique-cayado-les-aines-vulnerables-mais-pas-inaptes-20200914
Image par Gerd Altmann de Pixabay