Patrick Hetzel, député du Bas-Rhin, s’est opposé fermement à la récente proposition de loi d’élargir le délai d’accès à l’avortement de 14 à 16 semaines d’aménorrhée.
Dans Le Quotidien du médecin, il revient sur ce débat : « Je me suis fortement opposé à ce texte pour de nombreuses raisons dont certaines de nature éthique. (…) je suis très sensible aux arguments du Conseil National de l’Ordre des Médecins qui s’est opposé à cet allongement du délai ainsi que du CNGOF, qui dénonce pertinemment une certaine forme d’indifférence de beaucoup de collègues parlementaires à la réalité de gestes qu’ils ne connaissent pas », déplore-t-il.
« Ainsi, le geste chirurgical d’IVG entre 14 et 16 semaines n’a rien à voir avec ce qu’il est à 14 semaines (…) A partir de 14 semaines, la longueur cranio-caudale est de 85 mm et le fœtus commence à sucer son pouce. À 16 semaines, cette longueur passe à 120 mm et la tête fœtale est désormais ossifiée : pour la faire sortir de l’utérus, il faut donc l’écraser avec une pince spéciale, geste de dilacération fœtale dont les experts nous disent qu’il est, non seulement dangereux, mais dont on peut comprendre qu’il puisse choquer beaucoup de praticiens qui se sont engagés professionnellement pour donner la vie et en sauver au maximum », rappelle le député.
« Enfin, comme législateur, on cherche toujours à trouver un équilibre entre les différents droits à prendre en considération » : les droits des femmes, mais aussi ceux des médecins et professionnels de pouvoir librement faire valoir leur clause de conscience; et enfin, le droit de protection du fœtus, un « être humain en devenir ».
« C’est en prenant en compte l’ensemble de ces considérations, qu’en mon âme et conscience, je pense qu’il ne faut pas passer le délai légal de l’avortement de 14 à 16 semaines. »
S’inquiétant de la fréquence de ces actes en France, M. Hetzel appelle par ailleurs à des campagnes d’information pour faire baisser le nombre d’avortements dans notre pays : « (…) avec les chiffres de 232 000 avortements en France par an pour 753 000 naissances, soit un avortement pour trois naissances, on voit bien qu’il faut agir en amont pour réduire l’occurrence de l’avortement », insiste-t-il.
Il s’appuie notamment sur « un sondage IFOP de début octobre 2020 qui indique que 92 % des Français considèrent qu’un avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes ou encore que 88 % des Français sont favorables à une étude des causes et des conséquences de l’avortement pour favoriser la prévention. »
Adèle Cottereau
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Photo: écographie DdN