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L’avortement : un “acte moralement grave, potentiellement traumatique voire dangereux”

Dans un ouvrage récent, Le choix d’avorter. Contrôle médical et corps des femmes, le sociologue “du genre et de la santé” Raphaël Perrin s’intéresse à un paradoxe peu étudié mais très révélateur : de nombreux médecins, sans y être ouvertement opposés au droit à l’avortement, sont réticents à le pratiquer. Ce constat interroge le rôle de la conscience individuelle dans l’exercice médical.

Durant quatre années de recherche, Raphaël Perrin a analysé les représentations que les praticiens ont de l’avortement. Son travail révèle que le refus n’est pas toujours lié à des convictions religieuses ou idéologiques, mais à une appréhension morale, parfois diffuse, de l’acte lui-même. Certains médecins expriment un malaise face à un acte qu’ils perçoivent comme grave et traumatisant  – pour eux comme pour les patientes, voire dangereux dans certains cas.

En France, si la clause de conscience est rarement activée, les réticences demeurent, souvent silencieuses. Et parfois exprimées publiquement, comme la déclaration courageuse, en septembre 2018, du Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France : « Je ne suis pas là pour retirer des vies ».

À l’échelle européenne, des situations similaires se présentent : en Italie, par exemple, environ 70 % des gynécologues refusent de pratiquer des avortements.

Cette tension entre engagement professionnel et jugement personnel rappelle l’importance, au cœur de la tradition catholique, de la liberté de conscience. Celle-ci est considérée comme un espace intérieur, où l’homme discerne le bien à accomplir, même dans des contextes difficiles.

La conscience, cette voix intérieure, reste un repère précieux dans une société où la culture de la mort prend toujours plus de place. Jusqu’à quand sera-t-elle réellement respectée ?

                                                      Adèle Cottereau

Sources : https://lesalonbeige.fr/un-sociologue-du-genre-et-de-la-sante-decouvre-que-les-medecins-preferent-soigner-que-tuer/

https://www.lequotidiendumedecin.fr/sante-societe/politique-de-sante/raphael-perrin-sociologue-certains-medecins-sans-etre-opposes-livg-sont-reticents-la-pratiquer

Photo: Adobe Stock

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