Dans une tribune publiée fin juin par Le Figaro, 110 personnes touchées par le handicap, la maladie ou l’âge, élèvent leurs voix pour s’opposer à la légalisation de l’euthanasie.
Le site Gènéthique s’en fait l’écho.
« Nous voulons que soit entendu, et respecté, notre droit de vivre, et de vivre jusqu’au bout à vos côtés », clament les signataires de la tribune. « Nous voulons être pris en compte et entendus au cours des débats concernant des lois dont nous serons les premières victimes ».
Concernant le débat de la légalisation de l’euthanasie, les 110 personnes en situation de vulnérabilité confessent : « Nous recevons avec beaucoup de violence cette revendication qui n’est pas la nôtre ». « Laissez-nous le temps d’exister », « laissez-nous aussi le temps d’apprendre à mourir » exhortent-elles. « C’est un métier d’homme difficile, un processus qui peut sembler long, mais il est essentiel ».
Les signataires demandent à « être considérés, accompagnés et encouragés ». « Face aux limites que nous impose notre corps, nous avons besoin d’être soutenus, regardés avec toutes nos richesses humaines ».
« Nous avons besoin d’être regardés, soulagés, accompagnés, mais pas tués », insistent-ils. « Nous avons besoin d’une bonne prise en charge ». « Nous avons besoin de sécurité, de nous appuyer avec confiance sur nos soignants (..) sachant qu’ils seront avec nous, attentifs, créatifs, sans suggérer l’acte létal, sans faire de la mort une “alternative aux soins” », ajoutent-ils.
« Venez, approchez nous », « posez-vous avec nous » , invitent les auteurs du manifeste. « Vous apprendrez auprès de nous combien nous sommes vivants au présent » .
Car « vous évaluez souvent la qualité de notre vie, et vous la jugez mal » dénoncent-ils.
Or, « l’euthanasie est une façon de détourner de nous le regard et nous avons besoin de l’affection qui se lit dans vos yeux ». « L’euthanasie ne combat pas le “mal mourir”, elle le consacre », affirment-ils.
« Légaliser l’euthanasie, c’est suggérer que nos vies, parce qu’elles sont limitées sont un poids, inutile » alertent les signataires. Relativiser l’interdit de tuer, c’est établir une « hiérarchie » entre les personnes en fonction de leurs vies, de leurs capacités. En légalisant le « droit de mourir à la demande », il finira par « s’imposer à nous comme un devoir de mourir », dénoncent-ils.
« Ce n’est pas parce que parfois, à bout de forces, à bout de souffrances, nous demandons la mort que vous devez l’accepter, comme si nos vies étaient négligeables », font remarquer les signataires.
Au contraire, « rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous », supplient-ils. « Dites-nous que vous comprenez l’angoisse (..) la peur qui nous étreint ». La souffrance se traverse si elle est accompagnée. Soutenues, écoutées, la plupart des demandes d’euthanasie disparaissent, complète Gènéthique.
Quelle société voulons-nous ? « Nous refusons une civilisation des forts qui s’autorisent à supprimer le fragile, le faible », affirment avec force les signataires. « Nous voulons que soit respecté notre droit de vivre, de vivre jusqu’au bout à vos côtés », exhortent-ils.
En guise de conclusion, la rédaction de Gènéthique interroge : les voix de ces 110 personnes touchées par le handicap, la maladie ou âgées seront-elles entendues ? Alors que de plus en plus de résistances se manifestent, le processus mis en place par le Président pourra-t-il être enrayé ?
Adèle Cottereau
https://www.genethique.org/etre-regardes-soulages-accompagnes-mais-pas-tues/