Un an après la mort de Vincent Lambert, Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale et auteur de Vincent Lambert, une mort exemplaire? (Éd. du Cerf) revient sur cette tragique histoire, qu’il considère être un échec éthique et politique. Voici quelques extraits de son entretien au Figaro.
Il commence par ces interrogations : « Vincent Lambert était-il effectivement «mort pour l’exemple»? En quoi cette mort publique devait-elle être exemplaire? »
« Il fallait témoigner notre bienveillance à une personne en situation de handicap neurologique, et certainement pas décider des conditions de sa mort légalisée et médicalisée », martèle-t-il.
« Quels critères, normes ou autre intérêt supérieur autorisaient la sédation euthanasique d’une personne qui n’était pas en fin de vie? En France près de 1800 personnes en état d’éveil non répondant sont accueillies dans 150 structures spécialisées et sont reconnues dans leur projet de vie. (…) Vincent Lambert est le symbole de la vulnérabilité éprouvée dans le handicap et la maladie, le symbole d’une médecine qui réanime et ne parvient pas toujours à assumer les conséquences de ses choix. »
Plus encore, « Le parcours chaotique de Vincent Lambert dans les dédales médico-juridiques est exemplaire d’une déroute éthique et politique qui interroge nos valeurs de sollicitude et de solidarité », ajoute Emmanuel Hirsch.
« Les droits des personnes en situation de handicap méritent mieux que certaines approximations médicales et ces arbitrages judiciaires contradictoires dont les conditions de la mort de Vincent Lambert dénoncent l’inanité. »
M. Hirsch rappelle que « (…) toute vie m’importe et doit être considérée dans ses valeurs, sa dignité et ses droits. (…) une démocratie se doit d’être loyale et juste, tout particulièrement lorsque les fragilités humaines attendent de sa part l’affirmation qu’elles sont dignes de sa considération. »
« Vincent Lambert, dans sa mort même, nous interroge sur ce qu’est l’esprit de notre démocratie. Nous devons tirer les leçons de cet «échouement» éthique et politique », conclut-il.
Adèle Cottereau
Photo : prise internet du livre écrit