L’hémicycle de l’Assemblée nationale est divisé : d’un côté, il y a Agnès Thill, l’ex-députée de La République En Marche, qui « fustige les défenseurs du projet de loi bioéthique et livre un discours hommage aux pères, qui ne sont selon elle ni facultatifs ni inutiles, et sont la preuve que la filiation fait l’humain, que l’humain ne survient pas ex-nihilo. »
De l’autre, il y a Philippe Vigier, député UDI d’Eure-et-Loire, qui confesse qu’il « était temps » que la Procréation Médicalement Assistée soit légale en France et s’abîme dans une séquence lunaire dans laquelle il déclare qu’il « faut traquer, je dis bien traquer les embryons porteurs d’anomalies chromosomiques qui entrainent toujours plus de fausse couche, plus d’interruption médicale de grossesse, plus de souffrance pour les femmes. »
Réponse indignée de Mme Thill : « Votre loi est criminelle (…) votre loi, c’est s’offrir un être humain. On ne s’offre pas un être humain. Un être humain n’est ni un objet, ni un projet, ni une promesse de campagne »
La rédaction de Valeurs Actuelles décrypte le débat : « Une séquence inhumaine ? A juste titre, puisque l’embryon n’est, pour M. Vigier, qu’un amas de cellules. Il n’est donc pas question de dignité humaine, pas même de morale, mais de biologie générale. (…) Ces embryons imparfaits, qui causent tant de souffrance, il faut donc les traquer jusqu’à ce que mort s’en suive. La dignité humaine s’arrête toujours là où la loi débute. »
C’est sur ceux qui présentent des imperfections promesses de handicaps ou de faiblesses qui sont la cible du traquage de Philippe Vigier, souligne l’hebdomadaire.
Au regard de ces considérations surhumaines, inhumaines, le discours d’Agnès Thill paraît si petitement humain. « Qui êtes-vous pour vous permettre une telle mutilation ? », demande-t-elle. Le problème est posé : les défenseurs du projet de loi bioéthique ont quitté les limites de leur condition, ils se sont faits démiurges, se permettant de priver des enfants de père, de « créer » des enfants à l’aide de donneurs.
La journaliste conclut par un vibrant hommage au courage de Mme Thill : « A la souffrance des femmes sans enfant, elle oppose la souffrance de ceux qui n’ont ni la parole ni le jugement nécessaire pour s’exprimer. Les plus vulnérables, les enfants sans père. A la loi du plus fort, elle oppose la force protectrice d’un père. A la « traque » de Philippe Vigier, elle ose opposer la solidarité, l’humanité. »
Adèle Cottereau
Photo lors d’une reunion sur la PMA et GPA prisse par DdN