« En France, on ne parle pas de l’avortement. Voilà quarante-quatre ans qu’il est dépénalisé, ce qui n’empêche pas certaines consciences de se poser des questions. » Ainsi commence une tribune poignante de Valeurs Actuelles, brisant l’omerta sur ce sujet si douloureux.
Fut un temps où la question
se posait plus facilement, continue la rédaction de l’hebdomadaire. “Peut-on le tuer ?”, titrait Paris Match le 17 février 1973,
sous la photo d’un fœtus. Depuis, ce que Simone Veil elle-même qualifiait
de “drame” est devenu un “droit
fondamental” qui ne se discute plus. Lorsque Cyril Hanouna tente de le faire, en
octobre 2018, lors du débat télévisé Êtes-vous pour ou contre l’avortement ?, la secrétaire d’État, Marlène
Schiappa, intervient en direct.
« Quand j’ai vu débarquer un militant
anti-choix, j’ai immédiatement contacté Cyril Hanouna, se vente-t-elle. Il a lu
mes SMS en direct. J’ai notamment rappelé que l’entrave à l’IVG est un délit. »
Expliquer son opposition à l’avortement est déjà une entrave. Le débat
est interdit !
Le sujet avait ressurgi dans l’actualité un mois plus tôt, à la faveur d’un reportage d’une équipe de Quotidien qui s’inquiétait que l’IVG ne soit plus pratiquée dans un hôpital sarthois, en raison de la clause de conscience invoquée par les médecins. (…) Le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France, avait alors affirmé que c’est le cœur du débat que personne ne veut avoir : s’il existe cette clause spécifique à l’avortement, c’est parce qu’il n’est pas un acte chirurgical comme les autres. « Il n’y a pas de loi pour l’hystérectomie ! », insiste-t-il.
Les témoignages qui donnent raison au spécialiste sont légion. Et pourtant, sont-ils relayés par la presse ? Nous connaissons bien la réponse.
Marine, par exemple, 21 ans, qui a avorté parce
que « ce n’était pas possible à
ce moment-là ». Depuis, elle s’étrangle en parlant d’une « souffrance atroce ».
Chloé, qui « regrette de
n’avoir pas écouté son cœur » le jour de son avortement, à 32 ans.
Elle n’arrive plus à « retrouver
une vie normale » malgré la présence de ses trois autres enfants.»
Ou encore Claire, 29 ans, qui témoigne de son vécu : « l’avortement arrête
un cœur qui bat et en brise un autre ». Toutes se plaignent de ne
trouver personne à qui parler de ce «
vide » qui les fait pleurer la nuit. Sans doute parce que leur
souffrance lève le voile sur la question de fond que personne ne veut plus
assumer.
« La seule manière de nier le drame, c’est de dire qu’il n’y a pas de vie », résume Bertrand de Rochambeau. Se mentir serait donc la solution.
Voilà où en est arrivée notre société.
Adèle Cottereau
https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/politique/ivg-affaire-classee-103112
Photo Droit de Naitre