Le 24 juillet dernier, un affrontement politique inattendu a secoué la coalition allemande au pouvoir. Au cœur de la discorde : la nomination d’une juge à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, instance suprême du pays. La candidate proposée par le SPD (Parti social-démocrate), Frauke Brosius-Gersdorf, a vu sa candidature contestée par la CDU (Union chrétienne-démocrate) de Friedrich Merz. En cause, sa position jugée trop libérale sur l’avortement.
Cette opposition n’est pas anodine. L’Allemagne vit depuis des mois un débat de fond sur la légalisation de l’avortement, question éminemment sensible dans une société où la Constitution garantit la dignité humaine « dès le commencement de la vie ». Pour une partie des conservateurs, nommer une juriste favorable à un assouplissement des lois actuelles reviendrait à fragiliser l’équilibre juridique qui protège encore l’enfant à naître.
Le 9 août, après plusieurs semaines de tensions et une courageuse campagne pour mettre la pression de la part de l’aile conservatrice, Frauke Brosius-Gersdorf a finalement retiré sa candidature. Pour les sociaux-démocrates, il s’agit d’un revers embarrassant, qui fragilise davantage leur partenariat gouvernemental.
A l’inverse, pour les chrétiens-démocrates, et pour tous les militants pro-vie en général, cette issue marque une victoire symbolique : elle montre qu’une vigilance demeure possible face aux tentatives de banaliser l’avortement au sein des institutions clés du pays.
Cet épisode met également en lumière un fait souvent occulté : le débat sur l’avortement ne relève pas seulement de choix individuels ou de décisions médicales, mais engage l’architecture morale et juridique d’une nation. En Allemagne, la controverse sur Karlsruhe rappelle que la défense de la vie reste un sujet central, capable d’influencer les plus hautes instances politiques.
Si la coalition gouvernementale sort affaiblie de cette crise, les défenseurs de la vie y voient un signe d’espérance : dans le pays de la Loi fondamentale, il demeure possible de rappeler, même au sommet de l’État, que le respect de l’enfant à naître ne saurait être relégué au second plan.
Adèle Cottereau
Source : https://lesalonbeige.fr/lavortement-un-sujet-politique-en-allemagne/
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