Dans le pays d’Amérique du Sud, le projet de loi visant à autoriser l’euthanasie suscite une opposition ferme des doyens de sept facultés de médecine. Dans une déclaration commune, ils expriment leur « profonde préoccupation » alors que le texte est actuellement débattu à la Commission de la santé du Sénat.
Le projet de loi entend établir le droit d’opter volontairement pour une assistance médicale destinée à provoquer une mort rapide, sans douleur, dans les cas de maladie incurable. Pour y accéder, il exige le diagnostic de deux spécialistes, la majorité légale, le plein usage des facultés mentales confirmé par un psychiatre, ainsi qu’une demande « expresse, motivée, réitérée et sans équivoque ».
Mais pour les signataires, ce projet dénature la mission de la médecine.
« La médecine a pour finalité de promouvoir la santé, prévenir la maladie, guérir, soigner, soulager la douleur et accompagner jusqu’à la fin naturelle. Elle ne doit jamais provoquer la mort pour apaiser la souffrance », rappellent-ils, citant aussi l’Association médicale mondiale (AMM) qui, en 2019, a réaffirmé le devoir de respecter toute vie humaine.
Pour ces doyens, la vie est un bien dont l’on ne peut disposer, protégé par l’éthique médicale et par le droit. « L’homicide et l’aide au suicide sont sanctionnés dans notre système juridique », soulignent-ils. Légaliser l’euthanasie reviendrait donc à impliquer des soignants dans un acte contraire à leur vocation, brisant la confiance entre médecin et patient.
Ils précisent toutefois rejeter l’acharnement thérapeutique : « Prolonger artificiellement l’agonie est contraire à l’éthique médicale. Mais suspendre des traitements futiles n’est pas une euthanasie. » La différence essentielle réside dans l’acte de « provoquer directement la mort ».
Le communiqué dénonce un projet qui « impose la mort comme prestation sanitaire », en obligeant les médecins à présenter le suicide assisté et l’euthanasie comme un « droit » lors de l’annonce d’un diagnostic. Une dérive qui « transforme la relation médecin-patient en un acte technocratique froid ».
« La vraie compassion ne tue pas », insistent-ils. Une société juste doit offrir soins palliatifs, accompagnement et soulagement, jamais la mort comme solution. Ils avertissent enfin du danger de légiférer sous pression électorale sur une question aussi grave et irréversible.
Adèle Cottereau
Sources : https://genethique.org/chili-sept-facultes-de-medecine-sopposent-a-leuthanasie/
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