Le mouvement « pro-vie » américain compte aujourd’hui de nombreuses femmes qui ont avorté dans le passé, qui le regrettent et qui témoignent de leur vécu.
Leur voix a un écho et une force particulières, dans un contexte où, Outre-Atlantique, le combat courageux contre l’avortement porte des fruits.
Un exemple tout récent : début mars, la Floride a adopté une loi réduisant à quinze semaines le délai pour avorter. D’autres Etats prennent le même chemin.
Mais le plus difficile reste de changer les mentalités : selon un sondage récent de l’institut Gallup, seuls 19 % des Américains veulent rendre l’avortement illégal en toutes circonstances…
« On n’aura pas gagné la bataille tant que l’avortement n’aura pas été rendu impensable », affirme avec force Janet Morana, catholique fervente et cofondatrice de la campagne de sensibilisation Silent No More (« Fini le silence »). Lancée en 2003, celle-ci met en avant les témoignages de femmes (et de leurs conjoints) qui ont connu un avortement et le regrettent, explique le quotidien La Croix.
Certains membres de Silent No More ont ainsi pu donner leur témoignage lors de la Marche pour la vie qui a eu lieu à Washington, fin janvier. Au bord des larmes, ces femmes de tous horizons ont parlé des problèmes physiques, de la détresse psychologique et de la solitude rencontrés après avoir mis fin à leur grossesse. « J’ai souffert d’un deuil profond, de colère, de rage, de dépression, d’épisodes de panique et de pulsions suicidaires », a énuméré Deb, sur une estrade dressée devant la Cour suprême devant des dizaines de personnes.
« Je ne pensais pas que cette décision, prise il y a quarante-deux ans, laisserait des traces pour le restant de ma vie », confie Della, devenue aussi militante pro-vie.
Quant à Ethel Maharg, elle a transformé son vécu en engagement politique : directrice d’une association pro-vie au Nouveau-Mexique, elle se présente à la primaire du Parti républicain pour le poste de gouverneur. « Les femmes qui ont connu un avortement se battent plus férocement que les autres pour la défense de la vie, car leur existence a été bouleversée par leur expérience, explique-elle. Face à moi, personne ne peut remporter un débat sur l’avortement ! »
En effet, de telles voix sont essentiels dans le mouvement pro-vie américain, où les témoignages peuvent aider à dissuader les candidates à l’avortement et, plus largement, marquer « les esprits et les cœurs ».
Adèle Cottereau
Photo de DdN de la March for Life USA