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Le vice-président Vance, la FIV, les pilules abortives et la Sainte Communion

La manimise du président américain Trump et du vice-président Vance sur la Marche pour la vie de Washington, l’événement phare mondial du lobby anti-avortement, le mois dernier, servira à détourner l’attention d’un examen public sérieux de leur puissant soutien politique à l’accès à la pilule abortive et à la fécondation in vitro (FIV) qui, à eux deux, représenteront l’écrasante majorité des homicides aux États-Unis et dans le monde dans les années à venir et entraîneront des répercussions négatives dans la guerre contre l’avortement partout dans le monde.

Aujourd’hui plus que jamais, il est donc temps que des évêques catholiques courageux s’engagent pleinement dans la bataille contre le massacre des innocents et avertissent le vice-président Vance, ainsi que d’autres hommes politiques catholiques qui soutiennent des politiques intrinsèquement mauvaises, qu’ils ne doivent pas s’approcher pour recevoir la Sainte Communion1.

Vance a captivé l’imagination des militants anti-avortement du monde entier avec sa puissante rhétorique pro-vie lors de la Marche pour la vie. La semaine dernière, lors d’une conférence sur la sécurité à Munich, Vance a reproché à la Grande-Bretagne d’interdire la liberté d’expression et même la prière silencieuse sur l’avortement, dans les zones dites « sûres » autour des cliniques d’avortement, et il a dénoncé à juste titre, en particulier, le gouvernement écossais qui a écrit aux propriétaires de maisons proches des centres d’avortement pour les avertir que « les activités dans un lieu privé (comme une maison) dans la zone située entre les locaux protégés et la limite d’une zone pourraient constituer un délit ».

La condamnation par Vance de telles restrictions du droit de protester – même chez soi – contre l’avortement est, bien sûr, immensément bienvenue, tout comme le grand nombre de décrets pour la défense de la vie et de la famille publiés par le président Trump au cours de ses premières semaines de mandat. Ils ont le potentiel de sauver des vies à naître et de protéger de nombreux jeunes, physiquement et spirituellement, de l’idéologie du genre, qui balaie actuellement le monde, notamment de la « transition » d’un enfant par des mutilations chimiques et chirurgicales.

Cependant, aucun de ces décrets, ni la liberté de Vance de s’exprimer et de témoigner contre l’avortement, ne diminue le moins du monde la nature diabolique des politiques pro-avortement et pro-FIV poursuivies par Trump et Vance, qui sont sans doute les hommes politiques les plus puissants du monde.

Dans les dernières semaines de la course à la présidence, Donald Trump s’est vanté d’être « le père de la FIV », déclarant : « Nous sommes vraiment le parti de la FIV… Nous voulons une fertilisation complète, et les démocrates ont essayé de nous attaquer sur ce point, mais nous sommes encore plus engagés qu’eux en faveur de la FIV ».

M.Trump n’a pas perdu de temps pour tenir sa promesse électorale sur la FIV, signant la semaine dernière un décret « élargissant l’accès à la fécondation in vitro (FIV) pour les Américains » et formulant des « recommandations politiques pour protéger l’accès à la FIV et réduire de manière agressive les frais à la charge des patients et les coûts des assurances-santé pour de tels traitements. »

En ce qui concerne la pilule abortive, dans une interview accordée au magazine Time, le 12 décembre 2024, il y a eu l’échange suivant avec le président élu :

-Time Magazine : « Je pense que ce que les femmes d’Amérique veulent savoir, c’est si vous vous engagez à vous assurer que la FDA ne les prive pas de la possibilité d’accéder aux pilules abortives ? »

-Trump : « Ce serait mon engagement. Oui, cela a toujours été mon engagement. »

M. Vance, pour sa part, soutient le président américain à la fois sur la FIV et sur l’accès, dans tous les États-Unis, à la pilule abortive.

En juin 2024, M. Vance a affiché ses couleurs politiques en faveur de la FIV dans une déclaration commune avec d’autres Républicains du Sénat, qui se lisait comme suit :

« Les démocrates du Sénat se sont lancés dans un été de tactiques d’épouvante – une campagne partisane d’alarmisme visant à induire le peuple américain en erreur et à le désorienter. La fécondation in vitro est légale et disponible dans tous les États de notre pays. Nous soutenons fermement le maintien de l’accès à la FIV à l’échelle nationale, qui a permis à des millions de futurs parents de fonder et d’agrandir leur famille. »

Et Vance, plusieurs mois avant Trump, a précisé sa position sur l’accès à la pilule abortive sur l’ensemble du territoire américain, comme l’a rapporté le National Catholic Register (23 janvier 2025) :

« Sur la question de la pilule abortive, ce que beaucoup d’entre nous ont dit, c’est que : La Cour suprême a décidé que le peuple américain devait avoir accès à ce médicament. Donald Trump a soutenu cette opinion. Je soutiens cette opinion. Je pense qu’il est important de dire que nous devons en fait avoir une conversation importante dans ce pays sur ce que devrait être notre politique en matière d’avortement. »

En réponse à la question directe de Kristen Welker, animatrice de l’émission Meet the Press sur NBC, « Mais pour être clair : vous êtes favorable à ce que la mifépristone soit accessible ? » M. Vance a répondu : « Oui, Kristen, je le suis ».

Selon les Centres américains de contrôle des maladies, la majorité des avortements pratiqués aux États-Unis sont réalisés avec des pilules abortives : 56 % en 2021, contre 39 % en 2017.

Nous observons la même tendance au Royaume-Uni et dans d’autres parties du monde. Pire encore, comme le souligne Edward Feser, philosophe thomiste américain, « puisque ces pilules peuvent être envoyées par courrier dans des États où l’avortement est restreint ou interdit, la préservation de cet accès sape largement les récentes mesures pro-vie prises au niveau des États ».

Il est important de noter que le vice-président américain a clairement fait savoir qu’il était favorable à l’avortement, en principe, dans certaines circonstances. Le National Catholic Register rapporte que pendant la campagne pour le Sénat américain dans l’Ohio en 2022, lors d’un débat avec son adversaire démocrate qui se présentait pour la première fois à une fonction politique, M. Vance a déclaré qu’il avait « toujours cru aux exceptions raisonnables », notamment en permettant à une jeune fille enceinte de 10 ans d’avorter. « J’ai dit, à plusieurs reprises, que je pense que cette jeune fille devrait pouvoir se faire avorter si elle et sa famille le souhaitent », avait-il déclaré.

La gravité du mal moral que représente la FIV est expliquée par l’Église dans les textes Donum Vitae (22 février 1987) et Dignitas Personae (8 septembre 2008) et est clarifiée par Edward Feser dans son article Pro-Lifers must resist Trump on abortion and IVF (Les pro-vie doivent résister à Trump sur l’avortement et la FIV) dans le Catholic World Report. Il écrit :

« La destruction d’embryons non utilisés est moralement au même niveau que l’avortement, et le fait de tuer des embryons non désirés après l’implantation est une sorte d’avortement. Pour parler crûment mais honnêtement, la destruction d’embryons typiquement impliquée dans la FIV est un meurtre, au même titre que l’avortement. Selon une estimation récente, le nombre d’embryons perdus au cours du processus de FIV chaque année aux États-Unis s’élève à plus d’un million et demi, soit deux fois plus que le nombre d’avortements pratiqués chaque année aux États-Unis. Il ne s’agit pas non plus d’un mal qui peut être évité de manière réaliste si l’on veut que la FIV produise les résultats escomptés. Les experts estiment que « l’élimination des embryons est inhérente au processus de FIV ».

En outre, le mal de tout avortement direct a été exposé par de nombreux papes, dont le pape Jean-Paul II qui a écrit dans Evangelium Vitae, citant explicitement son autorité que « le Christ a conférée à Pierre et à ses apôtres, en communion avec les évêques », que « l’avortement direct est un mal qui peut être évité de façon réaliste si la FIV donne les résultats souhaités » :

« L’avortement direct, c’est-à-dire l’avortement voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un grave désordre moral, puisqu’il s’agit de la mise à mort délibérée d’un être humain innocent. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole écrite de Dieu, elle est transmise par la Tradition de l’Église et enseignée par le Magistère ordinaire et universel.

« Aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi ne peut jamais rendre licite un acte intrinsèquement illicite, puisqu’il est contraire à la Loi de Dieu inscrite dans le cœur de tout homme, connue par la raison elle-même et proclamée par l’Église. » (EV, 62)

Plus loin dans l’encyclique, le pape Jean-Paul écrit :

« Dans le cas d’une loi intrinsèquement injuste, comme une loi autorisant l’avortement ou l’euthanasie, il n’est donc jamais licite d’y obéir, ni de ‘participer à une campagne de propagande en faveur d’une telle loi, ni de voter en sa faveur’ ». (EV, 73)

En août 2019, M. Vance a été baptisé et reçu dans l’Église catholique. Cependant, les positions du vice-président sur la FIV et l’avortement sont gravement contraires à l’enseignement catholique. Son éminence le cardinal Burke, membre du Tribunal suprême de la Signature apostolique, a rappelé à ses confrères évêques, dans son livre “Deny Holy Communion ?”, publié en 2022, que la discipline du refus de la Sainte Communion « doit être appliquée afin d’éviter un scandale grave, par exemple l’acceptation erronée d’un avortement procuré contre l’enseignement constant de la loi morale »2.

L’expérience amère nous enseigne que les hommes politiques catholiques du monde entier chercheront à imiter M. Vance en soutenant les avortements pour une raison ou une autre, surtout si ce dernier n’est pas mis en garde ni, si nécessaire, sanctionné par les évêques américains. Son exemple scandaleux coûtera la vie à d’innombrables enfants à naître alors que les nations continuent à légiférer sur les questions de vie, notamment sur la FIV et la pilule abortive.

Placer Trump et Vance au centre de la scène lors de la Marche pour la vie de Washington le mois dernier a été une erreur stratégique majeure de la part des organisateurs, aggravée par la déclaration du Vice-président au début de son discours : « Et nous reviendrons l’année prochaine ». Le moment est venu pour les évêques américains vraiment courageux de s’avancer et d’assumer leurs responsabilités en interpellant le vice-président sur sa réception de la Sainte Communion, pour le salut de son âme, pour le bien de l’Église et du monde. Ce sera d’autant plus difficile pour les évêques que le Vice-président a été au centre de la Marche pour la vie du mois dernier. Mais les conséquences de l’inaction sont bien trop importantes pour que les évêques ne prennent pas les mesures nécessaires.

Le cardinal Burke explique, avec clarté et compassion, le défi auquel sont confrontés les évêques américains aujourd’hui. Il écrit dans “Deny Holy Communion ?” :

« Je suis profondément conscient de la difficulté qu’il y a à appliquer la discipline du canon. 9153. Je n’en suis pas surpris et je ne crois pas que quiconque devrait l’être. Certes, cette discipline n’a jamais été facile à appliquer. Mais ce qui est en jeu pour l’Eglise exige la sagesse et le courage des bergers qui l’appliqueront »4.

Traduction de l’anglais par Adèle Cottereau


1 Cf. His Eminence Leo Raymond Cardinal Burke, Deny Holy Communion? (Catholic Action for Faith and Family, 2022)

2 Ibid, p. 62

3 Can 915 : “Ceux qui ont été excommuniés ou interdits après l’imposition ou la déclaration de la peine et ceux qui persévèrent obstinément dans un péché grave et manifeste ne doivent pas être admis à la Sainte Communion.”

4 Cardinal Burke, p 63.

Source : https://voiceofthefamily.com/a-word-of-caution-vice-president-vance-ivf-abortion-pills-and-holy-communion/

 

Photo: Official 2025 portrait on https://www.whitehouse.gov/administration/

 

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