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Le nombre d’avortements ne diminue pas en France

Plus de quarante ans après la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, le recours à celle-ci est toujours aussi important en France. C’est ce que révèle La Croix dans un article publié le 04/09/2019.

La rédaction du quotidien souligne également que chez nos voisins européens, la tendance est plutôt à la baisse. Particulièrement en l’Allemagne où l’avortement n’est autorisé qu’à titre exceptionnel, jusqu’à 12 semaines de grossesse, et où les femmes qui y recourent doivent participer à une consultation obligatoire dans un centre agréé. Grâce à ces restrictions, le nombre d’avortements a donc baissé de 23 % chez nos voisins d’Outre-Rhin entre 2004 et 2014.

Tandis qu’en France, 211 887 avortements ont été pratiqués en 2016, soit 14,4 avortements pour 1 000 femmes. La pratique est globalement stable dans le temps : pour preuve, en 1990, le taux de recours à l’IVG pour 1 000 femmes était exactement le même.

Selon le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la question, datant de 2009, « l’IVG reste un événement probable dans une trajectoire féminine puisque, en moyenne, près d’une femme sur deux y aura recours au cours de sa vie ». Atterrant.

Une autre étude révèle que l’âge moyen du recours à l`avortement a baissé (27,5 ans en moyenne en 2011, un an de moins qu’en 1990), et les femmes qui y ont recours le font de façon plus répétée. « Ainsi, la probabilité pour une femme de recourir une première fois à l’IVG est de 33 %. Puis, la probabilité d’une seconde IVG est estimée à 41 %, en moyenne après cinq ans, et à 30 % pour une troisième », expliquent les auteurs du sondage, Nathalie Bajos et ses collègues.

De même, si les grossesses non prévues surviennent moins fréquemment (46 % des grossesses vers 1975 contre le tiers aujourd’hui), elles semblent être aujourd’hui moins bien supportées : elles sont interrompues plus systématiquement (41 % en 1975 contre deux tiers aujourd’hui) !
Et d’arriver à cette conclusion terrible : « L’enfant doit aujourd’hui être “programmé” dans un contexte affectif stable et au bon moment de la trajectoire professionnelle de parents. »

Les propos de Diane de Wailly, psychologue clinicienne à la maternité Necker­ et psychanalyste, devraient faire réfléchir plus d’un : « Je suis toujours frappée de voir la trace psychique que cet acte peut laisser. Il y a un réel décalage entre la représentation sociale de l’IVG et le retentissement individuel à long terme, beaucoup plus complexe. Honte ou culpabilité peuvent être éprouvées, parfois même bien des années plus tard. Ainsi, il n’est pas rare que lors d’une grossesse ultérieure resurgissent ces sentiments liés à cet événement passé éventuellement traumatique. »

Adèle Cottereau


Source : Pourquoi le nombre d’avortements ne baisse pas en France
Photo : tableau DREES 

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