Ce mercredi vingt-trois février, l’Assemblée nationale a adopté de manière définitive l’allongement du délai d’accès à l’avortement, ce dernier pouvant dorénavant être pratiqué jusqu’à 14 semaines.
Face à cette loi barbare, des gynécologues montrent fermement leur désaccord, pointant un avortement « insupportable à voir ».
Ces praticiens dénoncent avec fermeté la « déconnexion » des parlementaires qui sont loin d’imaginer la réalité d’un avortement à 14 semaines.
Israël Nisand, Président du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France, explique « avoir demandé plusieurs fois aux parlementaires de venir voir de leurs propres yeux un avortement à 14 semaines, mais « tous ont refusé » affirme t-il.
Il n’hésite pas à entrer dans les détails de ce que l’on doit appeler un crime – il n’y a pas d’autres mots : « Le poids du fœtus double entre 12 et 14 semaines, le diamètre de sa tête double également et sa tête est ossifiée. Soit on provoque un mini accouchement, soit on sort le fœtus morceau par morceau ».
Quant à Anne-Laure, gynécologue, elle voit dans cette nouvelle loi qu’un pas de plus vers la « banalisation de l’avortement. »
À son tour, elle rappelle qu’à 12 semaines de grossesse, la dilatation du col de l’utérus se fait par « des bougies ». Le praticien passe ensuite une canule d’aspiration et, quand celle-ci n’est pas suffisante, une pince pour aller chercher le fœtus.
Pour cette gynécologue, le geste sera d’autant plus difficile à effectuer à 14 semaines de grossesse car la taille et la tête ossifiée du fœtus rendent plus complexe l’opération.
Pour cette même raison, peu de spécialistes accepteront de réaliser un avortement à ce stade de croissance du bébé. Pour eux, une bonne nouvelle malgré tout : l’amendement visant à supprimer la clause de conscience a été rejeté.
En ce qui concerne la maman, Anne-Laure insiste sur le fait que les conséquences physiques d’un avortement à 14 semaines seront très importantes, allant de l’augmentation des risques de fausse couche à l’augmentation des risques d’accouchements prématurés pour les grossesses ultérieures.
« Plus un avortement est tardif, plus elle est dangereuse pour les femmes », renchérit le Président du Collège des gynécologues de France.
C’est une évidence, l’allongement du délai de l’avortement laissera des séquelles physiques et psychologiques importantes pour les patientes qui « hésitent ou qui ont eu recours à l’avortement » : « Il y a des séquelles psychologiques, le négationnisme sur cette question n’arrange rien. Des femmes ne se sentent pas bien après un avortement, on le voit », insiste le Professeur Isnard.
Anne-Laure conclut en souhaitant un meilleur accompagnement des femmes qui hésitent à pratiquer un avortement, afin que « l’avortement ne s’impose pas à elles ».
Adèle Cottereaux
Photo: Assemblé nationale prisse par DDN