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La nouvelle loi bioéthique : « un champ de ruines »

Le projet de loi bioéthique, adopté par l’Assemblée en deuxième lecture dans la nuit du 31 juillet au 1 er août, « consacre de fait un droit à l’enfant en supprimant les garde-fous qui subsistaient », déplore Blanche Streb, docteur en pharmacie et directrice de la formation et de la recherche pour l’association Alliance VITA.

Une tribune publiée au Figaro lui donne la parole, en voici quelques extraits.

« Renié, l’esprit qui a animé le besoin d’encadrer les possibilités techniques qu’apportent les progrès scientifiques. À terre, les grands principes fondamentaux de protection (…) qui ont bâti notre droit de la bioéthique. (…) Un cavalier législatif a même modifié l’encadrement de l’interruption médicalisée de grossesse (IMG), en ajoutant le critère de détresse psychosociale pour l’autoriser jusqu’au terme de la grossesse, même si le bébé est en parfaite santé », dénonce-t-elle.

« On est comme sonné devant le champ de ruines que laisse la tornade progressiste sur lequel flotte le drapeau de la mesure qui aura toujours servi à dissimuler toutes les autres: la PMA pour toutes. »

« Même si la majorité s’en défend, c’est un droit à l’enfant qu’elle aura inscrit dans le marbre. (…) Elle a aussi méticuleusement rejeté tous les amendements évoquant «l’intérêt supérieur de l’enfant» proposés par l’opposition. Comment aurait-elle pu le défendre au sein d’un texte qui organise, au contraire, la méconnaissance des droits de l’enfant, avant même qu’il ne soit conçu ? »

« (…) La logique de cette loi repose sur le postulat qu’il n’y aurait qu’un seul pivot autour duquel tout tournerait : l’adulte. L’adulte et ses désirs, illimités. L’adulte et sa prétendue autonomie, exacerbée. L’adulte et ses droits, toujours plus nombreux, à exiger. L’adulte et sa volonté, toujours plus puissante », s’insurge Mme Streb.

Elle ajoute : « (…) ce qu’on ne mesure probablement pas encore assez, c’est l’impact de ces nouvelles techniques procréatives sur les mentalités, sur notre société et sur les relations humaines. (…) En réduisant l’être humain à son code barre génétique, le pouvoir donné aux biotechnologies est immense: décider quelle vie vaut, ou ne vaut pas, la peine d’être vécue. » Effrayant panorama.

« Au fond, la loi comme les débats et les offensives pour l’aggraver révèlent, (…) à ceux qui veulent bien le voir, où la technique et le marché nous entraînent: vers une procréation marchande, de plus en plus artificielle, où le bébé sur mesure sera soit produit à tout prix, soit soumis à une implacable sélection pour gagner son droit à la vie », avertit-elle.

« Sera-t-il si facile pour un enfant de savoir qu’il existe parce qu’il a obtenu le droit de naître sous conditions, à la suite d’un tri, d’une intervention génétique ou d’un contrat le concernant ? », interroge-t-elle à juste titre.

                                                              Adèle Cottereau

Source : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/la-loi-bioethique-ou-le-pouvoir-sans-limites-de-l-adulte-sur-la-procreation-20200803

Photo DdN Paris manifestation lois de Bioéthiques contre la PMA GPA

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