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La constitutionnalisation de l’avortement, un choix terrible qui marque l’âme du pays

Dans une tribune publiée dans Valeurs Actuelles, Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur de l’ECLJ, lance un appel vibrant aux sénateurs de notre pays, les invitant à sortir du « piège idéologique » du « droit à l’avortement ».

Cette prise de parole intervient alors que la commission des lois du Sénat a rejeté pour la deuxième fois l’ajout d’un droit à l’avortement dans la Constitution, mais le sénateurs ont approuvé en séance publique après le » droit à la liberté de l’avortement dans la constitution » par 166 voix pour, 152 voix contre.

En voici quelques extraits.

Le juriste commence par rappeler très justement que les partisans de l’avortement « sont parvenus à faire de celui-ci un symbole politique, un dogme, au point qu’il est impossible pour un responsable politique d’exprimer un doute ou un questionnement sans être aussitôt condamné. Même les initiatives visant à aider les femmes à éviter l’avortement sont dénoncées comme autant de remises en cause de ce “droit sacré”. »

« C’est ce piège idéologique qui est en train de se refermer sur la France, avec le verrou de la Constitution. Si ce verrou est refermé, l’avortement deviendra officiellement une valeur de la République », met-il en garde.

Cependant, ajoute M. Puppinck, « Il est possible et nécessaire de briser ce dogme, de sortir de ce piège idéologique en replaçant l’avortement sur le terrain qui devrait être le sien : celui, humain et concret, de la politique sociale. C’est sur ce seul terrain qu’un réel progrès peut être accompli pour la condition des femmes, le respect de la vie humaine et le bien du pays. »

Le spécialiste revient ensuite sur les terribles conséquences de l’avortement : celui-ci « pose des problèmes à plusieurs niveaux. Il y a d’abord l’atteinte à la vie de l’enfant, ce qui est bien sûr le problème le plus grave. La société ne devrait pas s’habituer à ce flot incessant d’enfants sacrifiés. Il y a ensuite les atteintes causées par l’avortement à la santé des femmes et des couples. (…) », précise-t-il.

Il rappelle que « L’avortement est un acte traumatisant pour de nombreuses femmes, cela est largement prouvé par les études statistiques. Outre les troubles physiques pour la femme et les futures grossesses, l’avortement provoque aussi des troubles psychologiques : des dépressions et des idées suicidaires, notamment chez les jeunes. (…) Le taux de suicides est multiplié par 6,5 chez les femmes ayant avorté par rapport à celles ayant accouché. (…) L’avortement affecte aussi  les hommes : ils sont 40 % à vivre une détresse psychologique forte à cette occasion. Et 22 % des couples se séparent suite à un avortement. »

Malheureusement, dénonce Grégor Puppinck, « Toutes les mesures visant à aider les femmes et les couples à éviter l’avortement ont été supprimées depuis la loi Veil : le délai de réflexion, la consultation psycho-sociale obligatoire pour les majeures, l’indication systématique des aides disponibles aux femmes enceintes,(…) Toutes les mesures visant à prévenir l’avortement ont été supprimées, au motif qu’elles constitueraient des obstacles à l’avortement, qu’elles stigmatiseraient les femmes. »

« Pourtant », déclare-t-il à juste titre, « ce n’est pas le rejet social de l’avortement qui cause la souffrance des femmes, mais l’avortement lui-même : ce sera toujours un acte violent qui met fin à une vie. Il est impossible de  “normaliser” l’avortement, même en l’inscrivant dans la constitution, cela ne change rien à la nature de l’acte. »

Alors qu’« Il est possible de réduire le recours à l’IVG, sans même en restreindre les conditions d’accès », « pourquoi la France, contrairement aux autres pays européens, ne tente pas de réduire le recours à l’avortement ? En France, le recours à l’avortement est parmi les plus élevés d’Europe, et il ne diminue pas, à la différence des autres pays européens. Nous sommes passés de 202 180 en 2001 à 232 000 avortements en 2019 (DRESS). Nous sommes à un maximum jamais atteint. »

« L’avortement est mauvais pour les femmes, pour les couples, pour les professionnels de santé et pour tout le pays, alors pourquoi le promouvoir quand il est possible de mener une politique de prévention ?, s’interroge-t-il. D’ailleurs, c’est ce que veulent les Français. Selon le sondage Ifop précité, 73 % des Français estiment que la société devrait aider les femmes à éviter l’avortement. Ce chiffre est en augmentation. »

Et de souligner à propos de la proposition de loi : « (…) la constitutionnalisation de l’avortement revêt aussi une dimension symbolique essentielle, à mon sens, est presque aussi importante que le choix de la laïcité de l’Etat : ce choix marque l’âme du pays. C’est un choix ontologique radical, c’est l’affirmation d’une conception de l’être humain : une conception matérialiste et volontariste, qui affirme la domination de la volonté sur l’être, de la volonté individuelle sur la vie humaine. C’est un choix terrible qui déclare que la destruction de la vie humaine est une liberté humaine. C’est aussi un choix qui nous oblige à croire que l’homme n’a pas d’âme, mais seulement un corps doté d’intelligence. »

« Une constitution sert à conférer des institutions à un peuple afin qu’il puisse persévérer dans l’existence : le but ultime d’une constitution est de servir la vie du peuple. Placer la liberté avant la vie est un suicide. Certes, l’homme est libre, mais il est d’abord vivant. La vie est un préalable à la liberté. Plutôt que de promouvoir l’avortement tel un droit abstrait, ce qui ne ferait qu’empirer le problème, il serait plus sage et bénéfique pour chacun, et pour la société dans son ensemble, de considérer l’avortement pour ce qu’il est : un problème social grave, qu’il est possible de prévenir. Il suffit de le vouloir », conclut-il.

                                                    Adèle Cottereau

 Source : https://www.valeursactuelles.com/societe/gregor-puppinck-sortir-du-piege-ideologique-du-droit-a-livg

 

Photo :Sénat-4789641_640-Pixabay-livre.

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