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Euthanasie : le calcul froid de certaines mutuelles

Alors même que l’Assemblée nationale débat de l’euthanasie et du suicide assisté, une autre bataille se joue en coulisses : des mutuelles, censées couvrir nos frais de santé, s’invitent à la table des législateurs pour redéfinir les contours de la fin de vie.

Jadis cantonnées à un simple rôle de remboursement, elles interviennent désormais dans la rédaction même de la loi, proposant quinze amendements pour étendre sans limite l’accès à la fin de vie assistée.

La Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), par exemple, demande la suppression de toute référence à une « phase avancée ou terminale » de la maladie, jugeant cette notion « médicalement très complexe à déterminer » et excluant injustement, selon elle, les patients atteints de pathologies dégénératives. Elle préconise également que les directives anticipées puissent déclencher l’euthanasie « en état de mort cérébrale », « coma » ou « état végétatif irréversible », tout en offrant le libre choix entre suicide assisté et injection létale, et même en supprimant le critère de nationalité !

Sur ces points, le député LR Philippe Juvin tire la sonnette d’alarme : « Est-ce un calcul économique ou de l’idéologie ? Difficile à dire », ironise-t-il. « Mais je ne suis pas sûr que ce soit le rôle d’un organisme chargé de rembourser des soins de faire la promotion de l’euthanasie alors que l’on sait bien qu’abréger des vies fait faire des économies à la société dans les pays où elle est autorisée. En effet, les périodes de fin de vie coûtent très cher, particulièrement la dernière année », rappelle-t-il si justement.

Ce constat met en lumière un conflit d’intérêt majeur : comment justifier le fait que ceux dont la mission première est de limiter la facture médicale plaident pour raccourcir la vie ?

Matthias Savignac, président de la MGEN, balaie ces critiques en dénonçant un « procès d’intention » et rappelle l’engagement historique de la mutuelle pour la contraception, l’IVG et la laïcité. Il souligne le « pacte progressiste fin de vie » conclu en 2023 avec l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et d’autres organisations.

Combien de raisons de plus de s’inquiéter !!

À l’heure où la valeur de la  vie humaine semble de plus en plus réduite à des calculs financiers et administratifs, l’intrusion de cette mutuelle dans le débat à l’Assemblée nationale a de quoi confirmer nos inquiétudes les plus légitimes.

 

                                          Adèle Cottereau

 

Sources :  https://www.lefigaro.fr/actualite-france/nous-accompagnons-nos-assures-de-leur-premier-a-leur-dernier-souffle-ces-amendements-proposes-par-une-mutuelle-pour-elargir-l-acces-a-l-aide-a-mourir-20250411

Photo: Adobe Stock

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