L’amendement voté le 10 avril dernier en commission par les députés qui examinent le projet de loi sur l’euthanasie est tout simplement scandaleux : il propose d’inscrire dans les programmes du primaire et du secondaire des « séances sur le cycle de la vie et de la mort », animées par des bénévoles d’associations « laïques » et soi-disant « neutres ».
Portée par deux députés de la majorité, Agnès Firmin‑Le Bodo et François Gernigon, cette mesure prétend briser le tabou de la mort et sensibiliser les élèves à l’accompagnement des malades ou des personnes âgées.
Très vite – et c’est heureux – des voix se sont élevées contre l’intrusion de ces interventions dans l’école, jugée déjà surchargée. Du côté des députés, l’indignation a été particulièrement forte au sein du groupe Rassemblement national : l’idée d’exposer des enfants de six ou sept ans à la question de l’aide possible à mourir dans plusieurs décennies a profondément choqué les députés RN.
Car au-delà des bonnes intentions affichées, beaucoup redoutent une dérive idéologique : qui déterminera le contenu de ces interventions ? Comment éviter qu’elles ne deviennent un tremplin pour des associations promouvant l’euthanasie ?
Le souvenir des récentes controverses autour de l’éducation sexuelle, où certaines structures agréées ont diffusé des messages militants, renforce cette inquiétude.
En effet, en janvier dernier, une enquête du Syndicat de la Famille révélait que certaines associations agréées par l’Éducation nationale avaient délivré des contenus idéologiques, en contradiction avec le principe de neutralité.
Le risque est donc réel : à défaut d’un cadre strict, ces séances pourraient devenir un vecteur d’influence sur des thèmes éthiques majeurs.
Au cœur de ces débats, Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC), tire la sonnette d’alarme : « Cette proposition est le signe d’une école conçue comme un outil de rééducation de l’État », déclare‑t‑elle, appelant à « retisser des liens de confiance entre les familles et l’école plutôt que de saper davantage ces relations ».
De fait, pour les familles, la découverte de thèmes aussi graves relève du domicile et non de l’école.
Enfin, le propos de Pascale Morinière rejoint la crainte exprimée par plusieurs élus : comment s’assurer que les intervenants ne profitent pas de leur statut pour diffuser promouvoir l’euthanasie ?
Une fois de plus la dérive idéologique fait planer la menace chez nos plus jeunes ?
Adèle Cottereau
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