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Royaume-Uni : vers une légalisation accélérée du suicide assisté ?

Au Royaume-Uni, le débat sur la fin de vie prend un tournant préoccupant. Depuis le dépôt, en novembre 2024, du projet de loi Terminal Ill Adults (End of Life) Bill par la députée travailliste Kim Leadbeater, les étapes s’enchaînent rapidement. Ce texte prévoit d’autoriser le suicide assisté pour les patients majeurs en phase terminale, capables d’exprimer une volonté « claire, informée et réitérée », hors influence extérieure.

Initialement, chaque demande devait être validée par un juge de la Haute Cour, présenté comme un garde-fou. Or, le 13 mars 2025, cette exigence a été supprimée, remplacée par une commission pluridisciplinaire non judiciaire, nommée par le Premier ministre. Une mesure qui affaiblit gravement les garanties initiales et soulève des doutes quant à l’impartialité des décisions.

Particulièrement alarmante est la situation des personnes atteintes de trisomie 21 ou d’autres handicaps cognitifs. Celles-ci sont plus susceptibles d’être influencées par leur entourage ou de mal interpréter les implications du suicide assisté. L’amendement 319, porté par une cinquantaine d’associations, proposait des garanties minimales : un délai de réflexion allongé et un accès à l’information adaptée. Or, cette proposition vient d’être rejetée, ce qui marque un tournant inquiétant. En ne protégeant pas ces personnes vulnérables, la loi ouvre la porte à une forme de pression sociale silencieuse, où des vies pourraient être abrégées par une perception intériorisée d’être un fardeau.

Autre sujet d’inquiétude : l’accès aux soins palliatifs, pourtant reconnu comme une alternative digne et humaine. Le rejet de l’amendement qui conditionnait l’accès au suicide assisté à la possibilité d’un accompagnement palliatif révèle une dérive : le suicide devient une réponse envisageable face à l’absence de soins adaptés. Or, selon la Fondation Marie Curie, plus de 20 % des patients en fin de vie n’ont pas accès à ces soins.

Enfin, la proposition de loi envisage désormais le recours au suicide assisté dès l’âge de 16 ans, sans prise en compte spécifique des personnes vulnérables, comme celles atteintes de handicap cognitif. L’amendement porté par des associations de défense des personnes trisomiques, réclamant un délai de réflexion prolongé et une information adaptée, a été rejeté.

Alors que le vote final approche, de plus en plus de députés retirent leur soutien. Il est encore temps d’espérer que la société britannique choisisse la voie du soin, de l’accompagnement et de la protection de toute vie, plutôt que celle de l’abandon médicalisé.

Adèle Cottereau

Sources : https://lesalonbeige.fr/euthanasie-les-garde-fous-ne-protegent-pas-longtemps/

https://www.genethique.org/loi-sur-la-fin-de-vie-au-royaume-uni-le-rejet-damendements-protegeant-notamment-les-personnes-trisomiques-pourrait-faire-basculer-le-vote/

 Photo: Adobe Stock

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