Grâce à deux voix d’écart, l’initiative visant à approuver l’euthanasie dans ce pays d’Amérique Latine a échoué. Avec 83 voix pour et 60 contre, la majorité absolue (85 voix pour) étant nécessaire pour faire passer la loi, le projet a été stoppé en deuxième lecture à la Chambre des représentants de Bogota, le neuf avril dernier.
Il convient de préciser que l’euthanasie est dépénalisée en Colombie depuis 1997, mais dans les faits, l’absence de réglementation ne permet pas d’y avoir recours. Lorsque la Cour Constitutionnelle a dépénalisé l’euthanasie, elle a donc exigé que la Chambre légifère afin que l’acte soit légalisé.
Or, il s’agit cette fois du treizième projet de loi présenté au congrès depuis 1997, le treizième qui échoue.
La sénatrice Maria del Rosario Guerra, du Centre démocratique, s’est réjouie du résultat du vote : « Je célèbre l’effondrement à la Chambre d’un projet de loi visant à réglementer l’euthanasie dans notre pays. Le respect de la vie, l’amour et la solidarité triomphent », a-t-elle déclaré.
Au cours du débat, qui a été assez houleux, certains représentants ont fait valoir leurs convictions religieuses et d’autres ont remis en cause le pouvoir de la Cour constitutionnelle, comme le représentant Buenaventura León. Ce dernier a rappelé que « la Colombie est le seul pays au monde qui, via la Cour constitutionnelle, souhaite légaliser ou a tenté de légaliser l’euthanasie ».
De fait, l’argument qui a eu le plus de poids est celui d’une « ingérence » de la Cour Constitutionnelle « dans le corps législatif qui a le pouvoir de légiférer ».
La représentante Ángela Sánchez Leal, quant à elle, a rappelé que dans une jurisprudence se référant à l’euthanasie, « la Cour constitutionnelle a jugé que le droit fondamental à la vie ne signifie pas la simple possibilité d’exister sans tenir compte des conditions dans lesquelles cela se fait, mais, au contraire, il suppose la garantie d’une dignité de l’existence, ce qui implique pour l’individu la plus grande possibilité de déployer ses facultés corporelles et spirituelles ».
Elle a également précisé que si « l’État a échoué dans le domaine des soins de santé, où il y a un état de choses inconstitutionnel qui viole les droits à une vie digne de chaque Colombien », la solution « n’est pas de tuer tous les Colombiens atteints d’une maladie en phase terminale comme le propose ce projet », car ce serait « un échec d’adopter une législation permettant de tuer des patients en phase terminale et non une loi qui leur donne des garanties dans leurs traitements », conclut Ángela Sánchez.
Adèle Cottereau
Sources : https://www.genethique.org/en-colombie-la-legalisation-de-leuthanasie-est-rejetee-a-deux-voix-pres/
https://www.lanacion.com.co/se-hundio-proyecto-para-reglamentar-la-eutanasia/
Photo :Drapeau de Colombie Imagen de DavidRockDesign en Pixabay