Aude Mirkovic, porte-parole de l’association Juristes pour l’enfance et maître de conférences en droit privé, alerte sur l’inquiétant projet de loi bioéthique dans une chronique publiée par Valeurs Actuelles. Extraits.
« Embryons humains génétiquement modifiés, embryons animaux transformés avec des cellules humaines, enfants en pleine santé avortés à neuf mois de grossesse…Est-ce là le monde dont nous rêvons ? », interroge-t-elle.
« Le projet de loi bioéthique, en seconde lecture au Sénat début février, est en passe de le réaliser, en abrogeant l’interdiction légale actuelle de créer des embryons transgéniques ou chimériques, et en autorisant l’avortement pour motif de “détresse psychosociale” de la mère à toute époque de la grossesse. »
« Il est certes plus simple et plus économique d’offrir l’avortement comme réponse à la détresse “psychosociale” d’une femme plutôt que de rechercher avec elle des solutions porteuses d’avenir, poursuit la juriste. Mais où est le progrès social ? »
« Il est sans doute enivrant pour un chercheur de transgresser les lois du vivant, mais quel genre de progrès humain réalise l’autorisation légale d’introduire des cellules souches humaines dans un embryon de souris, de porc ou de singe ? Ces bricolages débridés n’augurent rien de bon pour personne et certainement pas pour les générations futures, qui paieront les pots cassés de nos expérimentations égoïstes et irresponsables. »
« Il est encore temps de comprendre que la question de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes célibataires et les couples de femmes, qui accapare le débat politique et l’espace médiatique, n’est que la partie visible de l’iceberg d’un projet de loi qui institutionnalise le bricolage technologique sur le vivant devenu cobaye légal », prévient-elle.
Avec ce projet de loi, « Il convient d’identifier non un prétendu progrès mais une régression majeure, le retour en droit français d’enfants interdits par la loi de rechercher leur père comme l’étaient, au XIXe siècle, les enfants nés hors mariage privés d’action en recherche de paternité. »
« Alors que faire ? La commission des lois du Sénat vient de rejeter, purement et simplement, une proposition de loi visant à étendre encore l’IVG, texte pourtant déjà adopté par l’Assemblée nationale : la preuve, si besoin est, qu’il est possible de dire stop. Il suffit d’un peu de volonté politique », estime Aude Mirkovic.
Et de lancer un appel : « Alors que ce projet de loi prétendument “bioéthique” revient au Sénat, n’est-ce pas le moment pour les Français de réaliser ce qu’il contient ? Les députés eux-mêmes ont-ils pris la mesure de ce qu’ils ont voté ? On se réveille, maintenant ! »
Adèle Cottereau
Photo: Lors de manifestations à Paris sur les lois de Bioéthiques avec les amis de Droit de Naître