Tout le monde a encore en tête le tollé provoqué par la diffusion sur C8 en août dernier du film « Unplanned », une production américaine pro-vie. Jusqu’à susciter les réactions indignées des ministres Élisabeth Moreno et Marlène Schiappa. L’affaire a même été plus loin : des plaintes ont été déposées auprès du CSA !
Dans un entretien publié sur le site d’information Gènéthique, Nicolas Bauer, chercheur associé à l’European Centre for Law and Justice (ECLJ), donne son point de vue de la polémique.
“La force du film est qu’il est fondé sur une histoire vraie, commence-t-il : celle d’Abby Johnson qui a été directrice d’une clinique du Planning familial américain. Elle a elle-même avorté à deux reprises et a coopéré à 22 000 avortements (…). Une sonde échographique lui révèle un jour la réalité in utero d’une IVG par aspiration. (…) Ce sera pour elle une expérience bouleversante qui l’amènera à changer radicalement de point de vue et… de métier.”
“Au-delà cette expérience, Unplanned montre l’engrenage qui conduit des femmes à envisager l’avortement, (…) et met sur le devant de la scène des communautés et des associations qui œuvrent pour sortir les femmes de cette spirale en leur proposant l’aide concrète qu’elles demandent.”
“En France, ce discours n’est pas vraiment dans l’air du temps. Cela a conduit des personnalités politiques et médiatiques à demander, vainement, la censure de ce film”, regrette Nicolas Bauer.
Concernant Unplanned, Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, a affirmé que C8 « se rend coupable du délit d’entrave condamné dans notre pays ». Mais le chercheur explique qu’à ce jour, “le délit d’entrave ne pénalise pourtant pas la diffusion de toutes les opinions ou informations remettant en cause l’avortement. En 2017, le Conseil constitutionnel a très clairement indiqué que la diffusion d’une opinion ou information « à destination d’un public indéterminé » n’était pas constitutive d’un délit d’entrave. Il est donc légal, en France, de diffuser un film comme Unplanned. Aucun juriste n’a de doute sur ce point”, affirme-t-il.
Alors pourquoi cette polémique ? Parce que l’avortement est “une question qui ne se discute pas en France”?
“En tout état de cause, plus de 300 000 téléspectateurs ont regardé Unplanned le 16 août dernier (…). La question de l’avortement interpelle en réalité de nombreux Français.
À chaque grossesse, les parents peuvent voir leur bébé in utero. (…). Les parents vivent en général avec enthousiasme cette rencontre avec leur enfant chez leur gynécologue. Il est difficile ensuite de rester indifférent à l’avortement, constate Nicolas Bauer.
En ce qui concerne la question juridique de la diffusion du film, “ le CSA va visionner Unplanned. S’il considère que sa diffusion peut avoir constitué un délit d’entrave à l’avortement, il en informera le procureur de la République. C’est très peu probable.” (…)
“À l’issue de l’examen de ces plaintes par le CSA, C8 devrait ainsi avoir la confirmation qu’elle peut proposer de nouvelles dates de diffusion d’Unplanned”, conclut l’expert. On ne peut que s’en réjouir.
Adèle Cottereau
Source : https://www.genethique.org/unplanned-quelles-suites-apres-la-saisine-du-csa/
Photo: La banderole de Droit de Naître