Cette année, un événement grave n’a pas fait la une des journaux : le dix-huit novembre 2020 fut le 100e anniversaire de la première légalisation de l’avortement.
Il y a tout juste un siècle, la Russie soviétique annonçait la légalisation de l’avortement sous prétexte que la nouvelle loi allait permettre de supprimer les avortements « clandestins » dans lesquels « jusqu’à 50 % de ces femmes sont infectées au cours de l’opération, et jusqu’à 4 % d’entre elles meurent ».
Cette décision de la Russie a précédé toute autre dépénalisation de l’avortement dans le monde pendant plus d’une décennie, puisque ce n’est qu’en 1931 que le Mexique légalisera l’avortement en cas de viol.
Les chiffres de l’époque sont consternants : dans la seule ville de Moscou, en 1922, il y a eu 7969 avortements et 35320 naissances, soit un ratio de 22,56 avortements par rapport aux naissances. Une étude note qu’en 1926, le nombre d’avortements a grimpé jusqu’à 31 986, mais aucun chiffre n’est disponible sur les naissances.
Puis, sous Staline en 1936, les avortements ont été largement interdits.
Le 23 novembre 1955, nouveau revirement : l’Union Soviétique adopte le décret sur « l’abrogation de l’interdiction des avortements », stipulant qu’en raison des « mesures adoptées par l’État Soviétique pour encourager la maternité et protéger l’enfance … la vie culturelle et sociale permet « à l’heure actuelle de lever l’interdiction des avortements au sens juridique ».
Un rapport publié plus tard en 1997 a révélé que « l’avortement est depuis longtemps la méthode traditionnelle de planification familiale en Russie ».
Le pays compte actuellement environ 412 avortements pour 1000 naissances.
Dans le monde, les scientifiques estiment que l’avortement légal a entraîné environ un milliard d’avortements au cours des 100 dernières années, ce qui en fait le « plus grand génocide de l’histoire ».
Adèle Cottereau
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