Après l’Argentine, c’est une autre victoire des partisans pro-avortement, même si celle-ci a fait moins de bruit que la première.
Les mouvements féministes jubilent. « C’est une victoire significative ! », clame Na Young, dirigeante de Share, une organisation de défense des droits des femmes.
« Aujourd’hui, il n’existe plus de limite à l’avortement. La loi qui le criminalisait n’existe plus, et les docteurs peuvent mettre fin à une grossesse en toute légalité », se réjouit-elle.
Cependant, la « victoire » n’est pas complète car la nouvelle loi souffre d’un manque de cadre juridique, dû aux circonstances d’application de celle-ci.
Car c’est un débat qui existe depuis déjà plusieurs mois : en avril 2019, la Cour constitutionnelle sud-coréenne avait jugé l’interdiction de l’avortement contraire à la Constitution, et demandé au gouvernement de modifier la législation avant le 31 décembre 2020, sans quoi l’ancienne loi serait supprimée. Et c’est ce qui s’est passé : afin de ne froisser personne le gouvernement n’a pas voulu trancher, rapporte La Croix.
En conséquence, la loi de 1953 qui limitait l’avortement aux Sud-Coréennes victimes de viols, ou en cas de danger pour la mère et l’enfant, n’existe plus depuis le 1er janvier 2021.
L’avortement en Corée du Sud est donc devenu de facto légal, mais sans cadre juridique établi.
Finalement le temps, ainsi que la lâcheté du gouvernement sud-coréen, ont joué en faveur du mouvement pro-avortement.
Dans ce pays, l’avortement était déjà pratiqué dans les hôpitaux et cliniques sans que les médecins soient poursuivis. On comptait déjà 330 000 avortements « illégaux » en 2005, et encore 50 000 en 2017, en dépit des restrictions officielles. Désormais, ce sera au grand jour et sans limite de durée.
« Nous voulons savoir si une loi sera mise en place », s’alarme le professeur d’éthique chrétienne et membre du mouvement pro-vie sud-coréen, Lee Sangwon.
« Nous préparons plusieurs projets de loi, l’un qui protégera la vie du fœtus à partir des premiers battements cardiaques (six semaines), une autre après dix semaines », ajoute-t-il.
Mais dans les circonstances actuelles, Lee Sangwon sait que le combat sera difficile : « Même si une loi est adoptée pour limiter l’avortement, il sera difficile de continuer à protéger la vie d’un embryon dès sa conception. »
Adèle Cottereau
Photo:Image par Pete Linforth de Pixabay