Menu Fermer

Fin de vie : quand la “liberté” devient une injonction

Dans un recueil de chroniques couvrant quinze années de réflexion, Contradictions médicales et autres bizarreries affectant le droit, la santé et la vie, la philosophe Danielle Moyse interroge la conception contemporaine de la liberté à travers les enjeux de la fin de vie.

Selon elle, notre société glorifie une autonomie radicale — celle d’un individu censé se déterminer seul — sans tenir compte des pressions sociales silencieuses qui conditionnent ces décisions, notamment chez les plus vulnérables. Derrière la revendication du « droit à mourir », ne se cache-t-il pas un abandon déguisé ?

Madame Moyse souligne également la dérive d’un regard technicisé sur la vie. Assimiler une euthanasie à une « mort naturelle », comme l’envisageait un temps la loi, témoigne d’une perte de sens. La mort programmée ne peut être confondue avec celle qui survient dans le respect du cours naturel des choses. Cette confusion révèle une difficulté croissante à accepter ce qui échappe à notre maîtrise — qu’il s’agisse de la mort, du vivant ou de la fragilité humaine.

Sous couvert de liberté, les choix en matière de vie et de mort sont souvent biaisés. Moyse évoque l’exemple des personnes en situation de handicap : lorsque l’environnement social n’offre que des perspectives d’exclusion, la « liberté de choisir » devient illusoire. De même, la suppression de l’objection de conscience pour les pharmaciens ou la pénalisation des obstacles à l’euthanasie interrogent : peut-on vraiment parler de liberté si elle ne tolère qu’un seul sens ?

Peut-on accompagner la fin de vie sans chercher à la précipiter ? Et si la véritable liberté résidait non dans le pouvoir de se supprimer, mais dans la possibilité d’être soutenu jusqu’au bout ?

Cette réflexion ouvre sur une autre : quelle place accordons-nous aujourd’hui à la vulnérabilité dans notre société ?

 

                                          Adèle Cottereau

 

Source : https://www.genethique.org/fin-de-vie-on-supprime-la-liberte-au-nom-de-la-liberte/

 

Photo: Adobe Stock

Recommandés pour vous