Par Jeanne Smith
La bénévole chrétienne Isabel Vaughan-Spruce, arrêtée à deux reprises en 2022 et 2023 pour s’être tenue en silence à proximité d’un avortoir de Birmingham au Royaume-Uni, vient d’obtenir de la police des West Midlands un versement de 13.000 livres sterling d’indemnités (environ 15.000 euros) pour arrestation indue. Il lui était reproché d’avoir prié en silence dans une « zone tampon » afin de protester contre les « IVG » commises à proximité. Mme Vaughan-Spruce avait indiqué qu’elle n’était pas là pour protester, elle ne portait pas la moindre pancarte et ne disait rien, mais la police avait jugé – délit de faciès pour cette femme blonde d’âge moyen et bien mise ? – qu’elle commettait une infraction à la loi de protection des zones entourant les centres d’avortement.
La première arrestation de celle qui ne cache pas, par ailleurs, son opposition personnelle à l’avortement, puisqu’elle dirige March for Life UK, avait abouti à sa relaxe par un tribunal local de Birmingham. Peu après, elle avait pourtant de nouveau été appréhendée par la police en février 2023 alors qu’elle se tenait à proximité du même établissement, la Robert Clinic géré par le British Pregnancy Advisory Service, principal pourvoyeur d’avortements pour le système de santé nationalisé NHS qui offre la gratuité totale des « IVG » sur demande. Lors de cette deuxième arrestation, la police lui avait explicitement déclaré que son délit consistait en la « prière silencieuse » – avant de lui adresser, quelque temps plus tard, des excuses accompagnées de l’indication selon laquelle l’enquête sur les faits avait été interrompue.
Des indemnités et des excuses
La vidéo de son arrestation montre qu’elle était parfaitement pacifique et n’avait opposé aucune résistance. Elle avait simplement répondu qu’elle « priait dans sa tête » alors qu’elle était interrogée par l’un des trois policiers mobilisés pour l’arrêter. Celui-ci avait précisé qu’elle troublait l’ordre public.
Mme Vaughan-Spruce a alors adressé une réclamation à la police des West Midlands pour deux arrestations et emprisonnements indus, ainsi que pour coups et blessures dans la mesure où elle avait fait l’objet d’une fouille corporelle « intrusive », et atteinte à ses droits humains. C’est en vertu de cette réclamation que la militante pro-vie vient de se voir remettre la somme de 13.000 livres à titre d’indemnités.
Elle a été soutenue au cours de son parcours par les avocats d’Alliance Defending Freedom, organisation juridique américaine caritative qui à travers le monde, défend gratuitement les libertés des chrétiens et en particulier leur liberté religieuse et d’expression, les droits parentaux, le caractère sacré de la vie, aux Etats-Unis comme ailleurs. L’ADF affirme gagner près de 80 % des affaires où elle intervient. Elle a salué en la victoire d’Isabel Vaughan-Spruce « une victoire majeure de la liberté d’expression », qualifiant les affres de la militante de « première affaire de crime de la pensée au Royaume-Uni depuis des siècles ».
La prière en silence près d’un avortoir en voie de criminalisation
Le Catholic Herald rapporte qu’elle s’est réjouie de sa victoire, tout en avertissant que de telles violations de droits pourraient se reproduire de la part d’autres forces de police, d’autant que le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer s’apprête à mettre en œuvre de nouvelles directives au sujet des « zones tampon » aux dispositions peu claires qui risquent de réduire encore le droit de ceux qui souhaitent « prier silencieusement ou mener des conversations pacifiques en vue d’offrir leur aide à proximité de centres d’avortement ».
La loi de protection des avortoirs (Public Spaces Protection Order) entrée en vigueur sous le gouvernement conservateur de Rishi Sunak en 2023 interdit toute manifestation de dénonciation ou d’approbation de l’avortement dans un rayon de 150 mètres autour d’une clinique d’avortement. A la suite de l’arrestation de Mme Vaughan-Spruce, l’alors ministre de l’Intérieur Suella Braverman avait indiqué à la police que la prière silencieuse ne saurait constituer un délit. Les travaillistes envisagent de rendre cette interprétation caduque, en pénalisant explicitement la prière intérieure.
Depuis lors, un ancien militaire, Adam Smith-Connor, a été arrêté à son tour pour avoir prié silencieusement près d’un avortoir à Bournemouth : il est en attente de procès. Dans la même ville, Livia Tossici-Bolt, scientifique à la retraite, sera prochainement jugée pour s’être tenue à proximité d’une clinique d’avortement tenant une pancarte avec l’inscription : « Je suis là pour vous parler, si vous le désirez. »
Ainsi avance le totalitarisme qui ne traque plus les propos interdits, mais les pensées les plus intimes. Ce n’est plus la liberté d’expression qui est attaquée : c’est le jardin intérieur, le secret de l’esprit. A quand des outils policiers pour lire les pensées ?
Source : https://reinformation.tv/priere-femme-avortoir-indemnites-smits/
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