L’Assemblée nationale vient de nommer un député pour le moins partial, à la présidence de la mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti, dont la mission est de faire des auditions et rendre un rapport sur les lacunes et les avantages de cette loi.
Il s’agit d’Olivier Falorni, connu pour son combat en faveur de l’euthanasie et qui, en avril 2021, avait déposé une proposition de loi pour légaliser l’euthanasie !
Une mission parlementaire orientée donc, c’est le moins qu’on puisse dire.
Damien Le Guay, philosophe et spécialiste des questions éthiques, dénonce cette décison de l’Assemblée nationale dans une tribune accordée au Figaro.
« Si une démocratie souhaite être respectée (et elle doit l’être pour éviter le chaos), encore faut-il qu’elle soit vertueuse, pointe le philosophe. Quelle est sa vertu principale ? Accepter la confrontation des idées non pour en mépriser certaines, et ne garder que celles qui vont dans le sens du parti au pouvoir, mais pour accepter, par principe, d’être plus intelligent à plusieurs (…) », commence-t-il.
« Or, la nomination de M. Falorni, devenu, il y a peu, membre de majorité parlementaire, dit haut et fort, aux yeux de tous, que tout est joué d’avance, que les auditions seront de pures formes, que le débat est ficelé avant d’avoir commencé. Un président de commission avec de si fortes convictions sera, par principe, juge et partie. Il sera de parti pris. »
« Comment, alors, dans ces conditions, présider avec impartialité, honnêteté, en se laissant atteindre par des convictions contraires aux siennes ? Comment modifier ses idées, et en changer si besoin est, par l’expérience, sur le terrain, de tous les personnels des soins palliatifs qui sont contre l’euthanasie ? Voilà qui augure mal du débat », estime-t-il à juste titre.
« Tout est cousu de fil blanc, regrette Damien Le Guay. Tout va dans le même sens. La souffrance des équipes de soins palliatifs n’est même pas prise en considération, ni leur refus, ni les arguments d’expertises portés par Claire Fourcade – présidente de la SFAP (La société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs) (…). »
« Quant à un examen sérieux du “modèle belge”, (critiqué même par La Cour Européenne des droits de l’homme pour manque d’impartialité et défaillance du contrôle des euthanasies), il n’est pas fait, ne sera pas fait, alors qu’il est défaillant – bien que mis en avant par M. Falorni. »
« Alors, laissez-moi poser quelques questions de principe : un combat jugé aussi nécessaire soit-il, doit-il ainsi tordre les institutions pour les amener, par avance, à la promotion de ses idées ? Une idée, aussi indispensable soit-elle, doit-elle empêcher un débat digne, contradictoire, soucieux de tenir compte des arguments de tous s’ils sont judicieux ? Une solution, aussi impérieuse soit-elle, doit-elle être adoptée, si elle ne règle rien ou si peu, et va mettre surtout un grand désordre dans les équipes sur le terrain qui font la fierté de notre humanité des derniers centimètres de la vie ? »
Le philosophe conclut avec cette interrogation : « Faut-il que les partisans de l’euthanasie soient si peu sûrs de leur cause pour ne pas laisser l’éthique faire son travail en toute indépendance, pour mettre la main sur la présidence d’une commission d’évaluation, pour concocter une “commission citoyenne” selon ses convictions ?
Adèle Cottereau
Photo: Assemblée nationale