Le 20 janvier dernier, le Sénat, dominé par l’opposition de droite, a rejeté une proposition de loi visant à allonger le délai légal pour l’avortement, par 201 voix pour et 142 voix contre.
Une belle victoire !
Sous prétexte de répondre à un manque de praticiens et à la fermeture progressive de centres d’avortements, le texte « visant à renforcer le droit à l’avortement » prévoyait d’allonger le délai légal d’accès à l’avortement de 12 à 14 semaines de grossesse, donc 16 semaines d’aménorrhée.
Voté en première lecture par les députés, les dispositions que stipulait la loi font frémir : suppression de la clause de conscience spécifique pour le praticien et du délai de réflexion de deux jours pour la patiente, possibilité pour les sages-femmes de réaliser des avortements chirurgicaux jusqu’à la 10e semaine de grossesse (alors que jusqu’à présent, elles s’en tenaient aux avortements médicamenteux), etc…. Avec une telle loi, en théorie, il deviendrait même possible que des parents demandent un avortement en fonction du sexe du bébé !
Certains médecins et sages-femmes alertent sur les risques que l’avortement tardif peut impliquer, pour eux-mêmes comme pour leurs patientes.
Pour Célyne Dufour, médecin libéral à Paris, « Le geste technique est plus compliqué, et comporte un risque accru d’abîmer le col de l’utérus de la patiente. De nombreux libéraux ne se sentiront pas assez compétents pour le faire. »
Héléna Segain, sage-femme coordinatrice à l’hôpital de Poissy Saint-Germain-en-Laye, elle, estime également que l’allongement du délai n’est pas sans conséquence : « À 14 semaines de grossesse, les femmes peuvent ressentir physiquement leur grossesse, avoir un peu de ventre. La question de l’attachement au fœtus se pose davantage. »
Dès la parution des résultats du vote, l’association pro-vie Alliance Vita a immédiatement salué dans un communiqué le rejet par le Sénat de la proposition de loi, qualifiée d’« injuste pour les femmes et la société ».
Adèle Cottereau
Photo du Sénat 4789641_640-Pixabay-livre.jpg
